*Pas moyen de mettre la main sur mon journal, je recopierai tout au propre une fois que je l'aurais retrouvé*
Journal de Maître Cortesi, #12
Sofia, le 17 février 2025
Bon, je n'ai toujours pas retrouvé mon père, mais l'équipage a retrouvé son cap, tient bon la vague et tient bon le vent. Sans vouloir me vanter, me nommer Maître d'Equipage est peut-être la meilleure décision que le Capitaine Blackwell ait prise depuis quelques mois. Bien que le Conseiller Tapis reste l'homme le plus proche du Capitaine, Jack m'écoute beaucoup, on discute souvent alors que le reste de l'équipage dort depuis longtemps. Grâce à ces temps d'échange, nous avons réussi à redresser la barre, nous sommes en train de retrouver notre place, celle que nous avons choisie, pas celle qu'on nous à imposée, bon en fait un peu des deux, mais ça tombe bien, non ?!
Quoi qu'il en soit, on a fixé un cadre clair à l'équipage et on est en train d'essayer d'afficher une position claire aux gens du "milieu" et à nos potos les bleus. Donc on a commencé par disparaître, pour montrer à tous qu'on savait être sages au point que tout le monde croit qu'on a disparu, ça n'a pas été facile, mais l'effet recherché s'est tout de même fait ressentir. Pourquoi ce n'était pas facile ? C'était aussi facile que d'entreprendre une visite guidée d'un musée de porcelaine à un troupeau d'éléphants, bourrés au rhum.
Le lendemain de notre rendez-vous avec les gros du milieu, où on leur assure qu'on va se faire discrets, le Contre-Maître Wagner en personne, se fait chopper sur le champ d'héroïne, il nous assure alors qu'il n'y aura pas de conséquences, mais le temps l'a fait mentir. Il a donc été obligé, quelques semaines plus tard, de s'excuser et de tenter de se faire pardonner pour son erreur. La plupart des membres de l'équipage peuvent aussi faire des petites boulettes, multiplié par dix, ça fait quand même quelques petites boulettes. Mais les boulettes de Wagner sont à la hauteur de son grade, il n'en fait pas beaucoup, mais il en a fait deux bonnes. En bref, c'est le plus gros de tous les éléphants du troupeau, mais il est agile et très souple, pour un éléphant.
En même temps, difficile de le blâmer, ceux qui ne prennent pas de décisions ne risquent pas de faire d'erreurs. Les épaules du Contre-Maître faiblissent parfois devant la charge de responsabilités que lui impose l'équipage, moi y compris, car tout le monde se repose beaucoup sur lui, surtout quand le Capitaine part en expédition hors de la mer Egée. Il faut qu'il apprenne a déléguer, que les membres de l'équipage gagnent en autonomie et qu'on partage les responsabilités, mais c'est difficile à faire comprendre à tout le monde.
La plupart des membres de l'équipage se repose trop sur les gradés et je commence à en faire les frais. J'ai passé énormément de temps à me creuser le crâne pour rendre la vie de l'équipage intéressante et trépidante, tout en garantissant qu'elle ne serait pas menacée par qui que ce soit. Car comme tout Altos qui se respecte, un pirate qui s'ennui dans sa vie ou dont la vie est menacée à chaque fois qu'il sort de chez lui, passe son temps à boire et à dormir. Depuis ma nomination en temps que Maître d'Equipage, je pense avoir réussi à définir un cadre, dont les limites sont plutôt claires, mais demandent toujours à se préciser, car on peut toujours mieux faire. Maintenant, je pense que c'est à chacun de faire des propositions, en fonction de ses envies et nous verrons ensemble si elles rentrent dans le cadre.
Dès qu'on se réuni sur le pont, tout le monde demande quels sont les plans, mais bien souvent Jack, Wagner et moi cogitons sur des objectifs à court, moyen et long terme, mais on ne peut pas établir à l'avance un détail de notre cap pour chaque heure passée en mer. Certaines fois, nous réunissons l'équipage pour des missions précises, mais la plupart du temps, nous voguons souvent au gré des vents, en quête d'un rencontre qui pourrait servir nos objectifs et qui ne sort pas du cadre que nous nous sommes fixé. Si quelqu'un a besoin de savoir où on va dès qu'il monte à bord du navire, je pense qu'il devrait proposer des expéditions, sinon on ne risque pas de le voir souvent. C'est un peu le soucis du moment, à quatre ou cinq, la navire est moins facile à manœuvrer.
Maintenant que le cadre est fixé et le cap retrouvé, il ne reste qu'une chose à faire pour que l'équipage de Jack Blackwell soit respecté de nouveau, remotiver les troupes. La Gendarmerie veut bien cesser de nous traquer, si on se fait discrets. Les deux grosses puissances du milieu tolèrent notre existence, tant qu'on ne sort pas du cadre qu'on s'est fixé, certains nous ont même déjà fait des propositions intéressantes. Il reste un dernier groupe armé avec qui nous n'avons pas encore mis les choses au clair depuis notre "disparition", après ça on sera au clair avec tout le milieu, du moins tous ceux qui méritent de recevoir des explications de la part du Capitaine Jack Blackwell.
Quand je dis "au clair" c'est sans parler de l'histoire qui traîne toujours, mais qu'il serait temps que le milieu oublie. Depuis la chute du RFE, des rumeurs naissent, nous étions, soit disant, du coté du RFE pendant la guerre qui opposait le RFE à l'ensemble des groupes armés d'Altis. Comme si le Capitaine Jack Blackwell aurait été assez con pour se ranger du côté des perdants, car s'était tout vu ils allaient disparaître, seul contre tous, personne ne tient très longtemps. Depuis l'arrestation de Ninja, des rumeurs circulent dans le milieu, il y aurait même des preuves, évidemment on ne peut pas les voir.
Je me suis donc mis à réfléchir, les preuves se basent sur des faits, mais pour passer d'un fait à une preuve, il y a souvent une interprétation du fait. En mettant en scène et en valeur plusieurs faits, tout en occultant d'autres faits, tout cela agrémenté d'une narration orientée, on pourrait facilement transformer des faits n'ayant aucune corrélation ou cohérence temporelle en preuves accablantes, pour quelqu'un qui n'aurait pas une connaissance précise de tous les faits.
Tout ce que je sais, c'est que depuis que je côtoie Jack, les mots qu'il prononçait le plus souvent concernant le RFE et ses chefs sont, "Je les déteste". Les rares fois où nous sommes aller "discuter" à la pointe de Molos, l'équipage de Jack avait les mains sur la tête, pas d'armes, pas de téléphone, on ne peut pas vraiment parler de relations amicales. Cependant, certains extraits de ces entrevues pourraient déjà être mis en scène, pour nous faire passer pour leurs amis.
Mais en pensant de cette manière, je crois avoir compris quelque chose. Un peu avant la création de la Coalition contre le RFE ou au moment même de sa création, certains membres des forces de l'Est avaient un comportement très bizarre avec nous. Alors qu'ils crachaient sur Jack et son équipage depuis quelques temps déjà, il venaient à deux ou trois sur Panagia, sur Makrynisi et même une fois dans notre grotte. Jack ne comprenait pas ce qu'ils venaient faire, ça le rendait mal à l'aise, moi aussi. Ils venaient nous voir comme si on étaient amis, alors qu'ils nous chiaient à la gueule le reste du temps, à coup de paroles haineuses ou d'explosifs. Mais je comprend maintenant que ces entrevues, peuvent tout à fait passer pour du copinage entre Jack et ces mecs là, avec un point de vue légèrement orienté.
Voilà encore comment des instants qu'on pourrait juger sans importance, peuvent avec le temps prendre des dimensions impressionnantes. Le Capitaine Blackwell et le Contre-Maître Wagner se retrouvent à ramper devant des gens qu'ils considéraient comme des amis, pour leur supplier de leur faire confiance. Personnellement, je ferais plus confiance à un ami, qu'à un rescapé du camp adverse, peu importe les preuves qu'il tente de me fournir, je remettrais en cause chaque détail, avant de croire que mon ami ait pu me trahir.
Bref, c'est pas encore gagné, mais on avance... Maintenant que je me suis fourrer dans ces histoires, j'ai un peu moins de temps de chercher des infos sur mon père... Quand j'aurais le sentiment que l'équipage va mieux, je pourrais repartir à la chasse au infos, ça fait des années que je ne l'ai pas vu, je ne suis pas à quelques mois près.